
Jeûne : de quoi parlons-nous ?
Le mot « jeûne » peut avoir plusieurs significations, et il existe de nombreuses façons de le pratiquer. C’est une sorte de boîte à outils que chacun peut adapter à ses besoins. Voici quelques exemples de ce que le jeûne peut être :
Abstinence alimentaire :
Ne pas manger pendant un certain temps (mais peut-on boire ?)
Restriction diététique :
Limiter certains types d’aliments (par exemple, éliminer les sucres ou les graisses).
Abstinence totale :
Pas de nourriture ni de boisson, un véritable défi pour le corps !
Repos digestif et métabolique :
Accorder à votre corps une pause, en lui permettant de se régénérer sans le solliciter constamment.
Restriction calorique :
Réduire les apports en calories sans pour autant arrêter de manger (on mange moins, mais on mange !)
Régime imitant le jeûne (FMD) :
C’est un régime qui recrée les effets du jeûne sans pour autant l’impliquer.
Pourquoi jeûner ?
Le jeûne peut répondre à des motivations diverses
Pour la santé :
Prévenir des maladies, améliorer la longévité, stimuler la régénération cellulaire, etc.
Pour des raisons spirituelles ou religieuses :
Beaucoup de cultures et de religions intègrent le jeûne dans leurs rituels.
Pour des raisons économiques :
Dans certains cas, il peut s'agir d'une réponse à la pénurie ou d'une manière de réduire les coûts.
Mais, quel que soit le motif, une chose est claire : le jeûne est toujours volontaire. Ce n’est pas une privation subie, mais un choix actif, ce qui le distingue nettement des situations où l’on ne peut pas se nourrir.
Des rythmes alimentaires variés
Le jeûne ne suit pas un seul et même rythme.
En fonction de vos objectifs, vous pouvez opter pour :
Jeûne continu
Une période prolongée sans manger (par exemple, plusieurs jours).
Jeûne intermittent
Alterner des périodes de jeûne et des périodes de consommation alimentaire (par exemple, 16 heures de jeûne et 8 heures de repas).
Jeûne long ou court
Le jeûne peut durer quelques heures, quelques jours, ou même plusieurs semaines.
Jeûne alterné ou périodique
Pratiquer le jeûne de manière ponctuelle, mais régulière, comme une fois par semaine.
Pourquoi une définition commune est essentielle ?
Le jeûne est un sujet de plus en plus étudié. Pour que chercheurs et médecins collaborent efficacement, il est crucial qu’ils utilisent les mêmes termes pour décrire cette pratique. Cela évite toute confusion et améliore la communication scientifique.
Un grand pas a été franchi en août 2024, grâce à l’équipe dirigée par le Dr Daniela Koppold. Dans une étude publiée dans la revue Cell Metabolism, un consensus international a été établi sur les termes liés au jeûne. Ce travail remarquable a réuni 38 spécialistes issus des 5 continents, couvrant à la fois les aspects médicaux et religieux du jeûne.
Qu’est-ce que le jeûne, selon ce consensus ?
Le jeûne a été défini comme :
« L’abstinence volontaire d’une partie ou de la totalité des aliments, ou des aliments et boissons. »
En d’autres termes, il s’agit de choisir délibérément de ne pas manger ou de restreindre ses apports alimentaires pendant une période donnée, dans le but :
- d’obtenir des bienfaits pour la santé,
- ou pour des raisons spirituelles.
Le jeûne va donc bien au-delà d’une simple privation de nourriture. C’est une démarche active et réfléchie, adaptable à vos besoins, qu’ils soient physiques, psychologiques ou spirituels

Alors, prêt à explorer les multiples facettes du jeûne et ses bienfaits ?
La publication de CELL METABOLISM résume en un tableau l’ensemble des pratiques de restriction alimentaire

Jeûner est un choix qui ne peut être imposé à quiconque.
Cependant, des facteurs internes comme les troubles psychocognitifs peuvent influencer négativement ce choix. C’est le cas :
- Dans l’anorexie,
- Ou dans la démence avancée,
où l’absence d’alimentation est subie par le corps.
Ainsi, la famine s’oppose raisonnablement à une forme de jeûne volontaire.
Une distinction essentielle : jeûne volontaire vs famine
Une première distinction claire doit être faite entre :
- Une restriction nutritionnelle volontaire, choisie,
- Et la famine imposée par des facteurs externes (économiques ou autoritaires).
En matière de type de restriction, on peut différencier
- Le jeûne sec, qui interdit tout apport (nourriture et boisson), même l’eau
- Le jeûne « total » ou « complet », où seule l’eau pure est autorisée
- Les jeûnes « modifiés » qui sont des restrictions plus ou moins sévères des apports alimentaires, avec une forme de jeûne dite « seulement liquide » qui comprend la méthode Buchinger ( une des formes les mieux évaluées au plan médical ) ; la cure de FX Mayr est très spécifique d’une pratique allemande.
- Enfin les régimes imitant le jeûne cherchent à obtenir des modifications du métabolisme énergétique analogues à celles du jeûne, en poursuivant une alimentation adaptée à cet objectif.

Au plan temporel ou chronologique, selon la durée du jeûne et sa répétition, la distinction est la suivante
- Le jeûne long ou prolongé (plus de quatre jours)
- Le jeûne court (moins de quatre jours)
- Les restrictions alimentaires intermittentes ou périodiques, selon tous les modes vus précédemment (jeûne sec, jeûne hydrique, jeûne liquide ou très restreint en énergie) et les divers rythmes possibles (au quotidien ou en jours alternés).

De notre point de vue, deux types de jeûne méritent un intérêt particulier, au plan médical :
Le jeûne intermittent quotidien, encore appelé « alimentation restreinte dans le temps », pour la commodité de sa mise en place et l’abondante argumentation scientifique sur le sujet ;
Le jeûne inspiré de la méthode du Docteur Otto Buchinger, qui est un jeûne long (entre 5 et dix jours, le plus souvent une semaine), associant une restriction sévère au plan calorique (moins de 250 kcal), une hydratation soutenue et une activité physique quotidienne adaptée.
Qui était Otto Buchinger ?
Le Dr Buchinger était un médecin militaire allemand qui a expérimenté sur lui-même les effets thérapeutiques du jeûne, au début du siècle dernier.
Il a été atteint de la complication aujourd’hui rare d’une infection par un streptocoque, le rhumatisme articulaire aigu, une maladie qui « soude » les articulations.
Il s’est soigné lui-même par un jeûne de 19 jours avant d’appliquer cette méthode à ses patients, et ce moyen a été étudié et amélioré depuis maintenant plus d’un siècle.
Le Dr Buchinger est l’auteur de la première description systématique de la physiologie et des indications du jeûne
Il faut souligner qu’il n’existe pas une forme de jeûne pour tous les patients, mais que c’est à chacun de choisir la méthode qui lui convient le mieux, selon son état de santé, son âge, ses habitudes de vie, et avec si besoin le conseil de son médecin.
Dans certains cas, et dans le respect des contre-indications médicales, l’association de plusieurs méthodes et/ou rythmes de restriction alimentaire permet le meilleur équilibre.
