
L'association s’inscrit dans une démarche de santé intégrative et dirige ses actions dans le sens de la médecine intégrative.
Qu’est-ce que la Santé intégrative ?
Selon le NCCIH ( National Council of Complementary and Integrative Health),
la santé intégrative est l’assemblage coordonné des approches conventionnelles et complémentaires, dans l’objectif de traiter la personne dans son ensemble.
- La santé globale de la personne consiste à aider les individus, les familles, les communautés et les populations à améliorer et à rétablir leur santé dans de multiples domaines interconnectés – biologique, comportemental, social, environnemental – plutôt que de simplement traiter la maladie.
- Cette approche permet de décloisonner les soins de manière interdisciplinaire, d’élargir la palette des réponses possibles et favorise la coopération entre les différents acteurs de la santé.
- Elle permet de changer la posture du médecin dans une approche plus collaborative et éducative avec le patient, qui redevient acteur de sa santé, voire le personnage principal de son autoguérison.

Quelle différence y a t-il avec la médecine intégrative ?
La médecine concerne un malade, alors que la santé peut concerner tout le monde.
En France, la médecine est réglementée plus strictement que la santé, et impose aux médecins de ne “pas proposer aux malades ou à leur entourage comme salutaire ou sans danger un remède ou un procédé illusoire ou insuffisamment éprouvé.” d’après un Abrogé par Décret 2004-802 2004-07-29 art. 5 A JORF 8 août 2004. Il est donc plutôt logique qu’un médecin ne conseille une pratique à visée thérapeutique que si l’E.B.M.(Evidence Based Medecine) la valide, ou si la situation clinique amène à proposer une thérapeutique avec une balance bénéfice-risque bien argumentée.
D’un autre côté le médecin est soumis à l’obligation de moyens, à délivrer des soins « attentifs, consciencieux et conformes aux données acquises de la science ». Selon l’article L.1142-1 du Code de la santé publique, découlant de « l’arrêt Mercier » (Cour de cassation du 20 mai 1936). A noter, qui ne tient pas vraiment compte du fait que la médecine est une science humaine, et non pas une science exacte, comme la physique. Les données acquises de la science sont donc toujours contestables (et elles l’étaient sûrement plus en 1936 qu’en 2024 !).
– Il est important de noter qu’actuellement il n’existe pas de consensus international sur la définition de la médecine ni de la santé intégrative. Seulement sur la pédiatrie oncologique intégrative (d’après Ng Jeremy Y. 2022 et Tortora S, 2021 ) Raghunathan NJ, Seifert G, Sibinga EMS, Ghelman R. A comprehensive definition for pediatric integrative oncology through an international consensus. Complement Ther Med. 1 mars 2021;57:102678.)
Un des éléments différenciateur est le besoin de preuves scientifiques pour intégrer une thérapie complémentaire dans le parcours de soin du patient ou de la personne. Il s’agit d’un élément significatif pour un certain nombre de médecins et au regard de la loi, par exemple pour le C.U.M.I.C. (Collège Universitaire de Médecine Intégrative et Complémentaire) et pour des médecins pionniers de la médecine intégrative en institutions d’après leur proposition de définition dans une étude de 2021.
Bagot JL, Theunissen I, Mouysset JL, Wagner JP, Magné N, Toledano A. La santé intégrative : définition et exemples de mises en œuvre en oncologie en France. Rev Homéopathie. 1 déc 2021;12(4):215‑21.

Comment est née la médecine intégrative ?
La médecine intégrative est probablement née en réaction à l’essor de la médecine scientifique moderne qui débute à la fin du XIXe siècle pour s’industrialiser au XXe siècle.
En parallèle naissaient d’autres courants aux États-Unis : la chiropratique, l’ostéopathie, et la naturopathie (par l’allemand Benedict Lust) mais aussi en Allemagne et en Suisse donnant du crédit à des médecines complémentaires (homéopathie, heilpraktiker..).
Dans de nombreuses écoles de médecine à travers les États-Unis, la pensée holistique ou intégrative se répand à tous les niveaux, des cliniciens aux chercheurs et aux enseignants, via des programmes d’évaluation des pratiques corps-esprit comme le yoga, le Qi-gong et le Tai-chi (Wayne, 2014).
Les États-Unis ont créé dès 1991 une agence dédiée, au sein du NIH (= National Institute of Health), qui deviendra en 2014 le Centre National pour les thérapies complémentaires et la santé intégrée (NCCIH), axant un pan de la politique fédérale vers l’évaluation et la mise en place d’une prise en charge sanitaire « intégrative ».
Depuis, plus de 86 universités américaines enseignent et reconnaissent comme spécialité la médecine Intégrative.
L’appel de l'OMS de 2014
La Stratégie de l’Organisation Mondiale de la Santé pour la médecine traditionnelle et complémentaire 2014-2023 vise à intégrer, réglementer et promouvoir les thérapies complémentaires (TC) dans toutes les nations.
Les TC sont largement utilisées et leur adoption s’accélère dans de nombreux pays ; elles jouent un rôle économique croissant, notamment par la vente de produits en ligne, et peuvent aider à réduire les coûts de santé, améliorer l’expérience des patients et la santé de la population.
L’OMS demande à traiter des questions de sécurité, d’efficacité, de qualité et de réglementation des TC, afin de les intégrer dans les systèmes de santé nationaux et à développer des politiques nationales adaptées. L’OMS encourage la recherche sur la sécurité et l’efficacité des TC et promeut un usage fondé sur des preuves. La stratégie souligne l’importance de la coopération internationale pour garantir l’accès à des produits et pratiques sûrs. L’OMS reconnaît la protection des droits de propriété intellectuelle des peuples indigènes et des communautés locales comme essentiel.
-MONDAIN V, MIDOL N, JUSTON-BAQUE M, GUYON A. L’Observatoire des Médecines Complémentaires et Non Conventionnelles : un organisme au service du développement d’une médecine intégrative et scientifique. 2020 [cité 2 nov 2024]; Disponible sur: https://jimis.episciences.org
-Cody GW. The Origins of Integrative Medicine—The First True Integrators: The Philosophy of Early Practitioners. Integr Med Clin J. avr 2018;17(2):16.
-NCCIH [Internet]. [cité 5 nov 2024]. NCCIH Timeline. Disponible sur: https://www.nccih.nih.gov/about/nccih-timeline
-Stratégie de l’OMS pour la médecine traditionnelle pour 2014-2023 [Internet]. [cité 2 nov 2024]. Disponible sur: https://www.who.int/fr/publications/i/item/9789241506096

Est ce que les français peuvent bénéficier d’un parcours en médecine intégrative ?
La médecine intégrative s’installe progressivement dans le paysage français à travers de nombreux acteurs mais surtout parce que les patients ont recours à ces pratiques, même sans l’accord du médecin. En effet, on estime que 80 à 85% des Français ont recours aux thérapies complémentaires (4) ou plus d’1 français sur 2 (5)
- Renet S, de Chevigny A, Hoacoglu S, Belkarfa AL, Jardin-Szucs M, Bezie Y, et al. Risk evaluation of the use of complementary and alternative medicines in cancer. Ann Pharm Fr. janv 2021;79(1):44‑52.
- Floccia M, Sourzac J, Lienard Y, Philippe A, Vergnes F, Sztark F, et al. Quand la douleur et la médecine intégrative travaillent ensemble : l’expérience de l’Institut de médecine intégrative et complémentaire du CHU de Bordeaux. Douleurs Éval – Diagn – Trait [Internet]. 6 nov 2024 [cité 13 nov 2024]; Disponible sur: https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1624568724001410
Il existe cependant plusieurs freins à la médecine intégrative:
- Financiers : les soins non conventionnels ne sont le plus souvent pas remboursés ni par la sécurité sociale ni par les mutuelles,
- Culturels : acceptabilité de la technique de soin, de sa philosophie, reconnaissance…,
- Cadres de formation manquants : par exemple il faudrait donner une nomenclature plus compréhensible pour identifier les différents niveaux de formation en naturopathie (nombre d’heures, clinique ou théorie pure, bases scientifiques et anatomiques ..etc)
- Labels : pour les produits non pharmaceutiques, mais aussi les praticiens ou les établissements
- Législation : Besoin de preuves scientifiques d’une part, et de légitimité à donner à des acteurs non identifiés comme professionnels de santé.
- L’exercice de la médecine est réservé aux médecins mais certains actes sont délégables/délégués (accouchement, vaccination, certains actes aux IPA, MKDE en services d’urgence…etc)
- Le système de soins français est hybride mais plus proche du monopolistique : la santé est centralisée et contrôlée quasi exclusivement par l’État : l’accès aux soins, les traitements autorisés et disponibles, les infrastructures, la répartition des ressources médicales, les prix et normes de soins, la qualité et l’innovation. Seules les structures privées, l’exercice libéral et les mutuelles peuvent dévier légèrement l’offre de soins.
L’avantage de ce système de soin : donner une couverture universelle et peu onéreuse.
Par ailleurs, l’offre des thérapies complémentaires en France augmente de jour en jour, se diversifie et est de plus en plus accessible (Centre d’analyse stratégique, 2012)
En mars 2019, le Centre de Recherche en Épidémiologie et Santé des Populations (CESP) a lancé un appel aux autorités publiques françaises et européennes pour :
- clarifier les indications, les définitions, les contenus, les pratiques, les formations initiales et les formations continues en médecine intégrative et en intervention non médicamenteuse (INM),
- faciliter et développer la recherche, l’évaluation et la surveillance des bénéfices, des risques, des rapports coûts-efficacité et de la pertinence des INM à visée préventive ou thérapeutique,
- impliquer les patients et les professionnels dans l’évaluation et la surveillance des pratiques et des praticiens,
- sensibiliser les médecins à ces méthodes,
- différencier explicitement ces méthodes des pratiques occupationnelles et des médecines parallèles (alternatives, sectaires, FakeMedicines…),
- faciliter l’intégration des INM pertinentes dans les parcours individuels de santé,
- améliorer l’accès à une information claire et transparente sur les pratiques et les praticiens,
- structurer réglementairement et économiquement ce secteur,
- demander aux professionnels des INM de s’engager à ne pas retarder ou interférer avec un diagnostic médical,
- créer un organisme national ou européen spécialisé dans ce secteur.
Cet appel à été soutenu par le CESP (INSERM U1018), le CUMIC, le Comité pour le Développement Durable en Santé (C2DS), le Groupe d’Évaluation des Thérapies Complémentaires Personnalisées (GETCOP), l’Observatoire des Médecines non conventionnelles (OMNC) et la Plateforme universitaire Collaborative d’Évaluation des Programmes de prévention santé et des Soins de support (Plateforme CEPS)
Cet appel a été renforcé en 2021 par un communiqué de l’Académie de médecine qui appelait également à ce que les thérapies complémentaires soient mieux encadrées et enseignées.
En quoi le jeûne thérapeutique se prête à la médecine intégrative ?

Sur ce schéma sont repris plusieurs éléments expliquant l’ approche multidisciplinaire et transversale du patient .
-Axe vertical : Le jeûne stimule les capacités naturelles d’autoguérison du patient. Il remet ainsi le patient comme le principal acteur pour sa santé.
Par différents mécanismes physio-pathologiques, le jeûne permet une détoxification et une régénération profonde. Elle permet donc une médecine préventive.
La détoxification peut s’accélérer par des méthodes thermiques comme le sauna/hammam, ou par le froid en baignade / cryothérapie, par l’administration de compléments alimentaires ou de tisanes. La régénération est favorisée principalement par des temps de repos (sieste, temps libre, temps de sommeil conséquent).
- Axe horizontal : Les bénéfices du jeûne peuvent avoir une dimension collective et planétaire.
Un des intérêts du séjour est le travail thérapeutique en groupe : il peut développer l’entraide, l’empathie, la cohésion sociale, le sentiment de reliance, d’appartenance sociale. L’esprit de groupe une fois instauré peut augmenter, faciliter adhésion au « plan de traitement ». Il peut également contribuer à améliorer son regard sur soi par l’effet miroir des compagnons.
Au niveau collectif plus large, le jeûne peut par exemple amener à des changements d’habitudes alimentaires et de vie plus écologiques (consommer de manière plus consciencieuse et équilibrée) et inspirer sa famille, son prochain.
En effet pendant le séjour il est souvent proposé de réfléchir à une nouvelle manière de s’alimenter, et de revoir les enjeux de la nutrition.
- Diagonale NO à SE : Le jeûne s’accompagne souvent de pratiques complémentaires comme la randonnée ou la marche, la pratique du yoga ou méditation.
Ce qui peut permettre un travail en pluridisciplinarité de la part de l’accompagnateur. Ces pratiques dites “psycho-corporelles » permettent au patient d’accélérer ou potentialiser le processus de nettoyage cellulaire mais aussi de rentrer en introspection, voire en méditation plus aisément. Et d’ouvrir son esprit à du (re)nouveau.
Ces pratiques, ajoutées à l’effet neurorégénérateur et “d’hyperclarté mentale” du jeûne (effet des corps cétoniques et de la kynurénine) permettent de s’instruire plus aisément, par exemple lors des lectures sur les temps de pause, ou pendant les échanges entre jeûneurs ou lors des exposés donnés par les organisateurs.
La randonnée va permettre d’ajouter l’intérêt thérapeutique de se reconnecter à la Nature. Cela commence à être expliqué scientifiquement grâce notamment aux travaux des japonais sur la sylvothérapie, des américains sur l’hortithérapie et ce qui par exemple est une base de la médecine ayurvédique.
Nilsson K, Bentsen P, Grahn P, Mygind L. De quelles preuves scientifiques disposons-nous concernant les effets des forêts et des arbres sur la santé et le bien-être humains ? Rev For Fr. 2018;(2-3‑4):379.
-Enfin, au centre de l’image est représenté par un sigle la notion du jeûne. Elle met en avant la fonction de régulation vers l’équilibre, vers l’homéostasie, d’un humain qui alterne entre des périodes “Yin” selon la cosmologie chinoise, où il est occupé à se remplir, se nourrir, s’alimenter et éventuellement créer du stock ; et une période “Yang” en haut, où son métabolisme switch et il peut brûler toutes ses calories emmagasinées, mais aussi “brûler” ses toxines, ses déchets (par l’autophagie) en vidant ses fonds de tiroirs, et ainsi s’alléger, faire circuler ce qui stagnait.
Ce symbole met en avant la pratique du jeûne comme une recherche d’équilibre et non d’un extrêmisme (comme dans l’anorexie ou d’ascétisme).
Les fondements scientifiques qui permettrait de prescrire le jeûne thérapeutique en France sont néanmoins encore insuffisants d’après les dernières publications :
-du ministère (cf : https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/fiche_jeune.pdf) basé sur le rapport de l’Inserm de 2014 https://www.inserm.fr/rapport/evaluation-de-lefficacite-de-la-pratique-du-jeune-comme-pratique-a-visee-preventive-ou-therapeutique-2014/
-et de la NACre (https://www.reseaunacre.eu/actualites/rapport-nacre-jeune-regimes-restrictifs-cancer-2017)
Ces références remontent cependant à plus de 10 ans et on voit que les publications se sont multipliées de manière exponentielle ces 5-6 dernières années, amenant enfin des études de qualité acceptables comme des méta-analyses. Une révision des recommandations pourrait donc arriver prochainement, ce qui laisse la possibilité que le jeûne soit finalement reconnu comme outil thérapeutique en France, comme dans beaucoup d’autres pays du monde.

Recherche PubMed avec les mots clés MeshMajorTopic Intermittent Fasting et Therapeutic Fasting ; 211 publications sur l’année 2020
- Nous ne pratiquons pas le jeûne de façon exclusive
- L’alimentation, on le sait, peut-être la pire et la meilleure des choses.
Depuis Hippocrate (500 ans avant JC) , qui nous disait déjà “Que ton aliment soit ton médicament” à la récente étude EPIC qui nous a montré que de diminuer de 10% la part d’aliments ultra-transformés dans notre assiette, permet de diminuer le risque de certains cancers, le chemin de l’alimentation humaine a été tortueux.
Et le jeûne, choisi ou subi, en a toujours fait partie.
Aujourd’hui, dans beaucoup de pays à niveau économique élevé, nous avons la chance de pouvoir choisir la façon de nous nourrir.
De même, les différentes façons possible de mener une restriction calorique temporaire, permet de s’adapter au mieux à l’état de santé du candidat-jeûneur, à ses envies, et à ses possibilités.
- Informer et former dans la francophonie
Beaucoup d’informations sont disponibles sur les sites de langue anglaise mais pas suffisamment en langue française. L’une des missions que l’AMJ s’est donnée est justement de partager les informations concernant le jeûne avec les pays francophones.
